vendredi 29 mars 2013

La Grande Redoute francophone du Nord-Est de l'Amérique ( Partie 1: Potentiel agricole )

Qu'est-ce qu'une redoute ?

Une redoute est un emplacement fortifié à l'extérieur d'un fort qui était généralement construit à la hâte par les soldats.

Peu de gens le savent mais les canadiens possèdent probablement la redoute la plus secrète et la plus importante de notre monde: la plus grande réserve de terres agricoles inexploitées de l'Amérique du Nord. En effet, le nord des provinces canadiennes du Québec et de l'Ontario est traversé par l'enclave argileuse Ojibway-Barlow créé il y a plusieurs milliers d'années par le retrait des glaciers et la formation du lac glaciaire Ojibway. Plus à l'ouest, il rejoignait le lac glaciaire Agassiz, nous en reparlerons plus tard.


 Avec le temps, de l'argile s'est accumulée dans le fonds de ce lac et avec son retrait, celle
-ci est maintenant disponible pour l'agriculture.  Mais quand on dit au nord, où exactement ? Au Québec, il s'agit de l'Abitibi et en Ontario, du Nord-est de cette province. L'Abitibi a été colonisée durant le 20e siècle par des colons venus du sud du Québec et le Nord-Est de l'ontario par des colons québécois et des ontariens. Principalement, durant la crise économique des années 1930.  Ce qui fait que cette grande réserve de terres fertiles est occupée majoritairement par des francophones.

La grande tragédie de cette région est le nombre de stéréotypes qui existent. Quand j'en parle aux gens, ils me disent tout de suite: rien ne pousse c'est trop froid, trop de mouches, les sols argileux sont trop difficiles à cultiver, etc. Eh bien, ils ont tout faux !

Ferme des Lalancette en AbitibiLa plupart des légumes, des grains y poussent sans problème, même le blé . Pourquoi ? En agriculture, il est important de connaître le nombre jours de croissance d'une région donnée, c'est-à-
dire pendant combien de jours il est possible de cultiver des plantes. En Abitibi, la saison de croissance végétative est de 120 jours à 80 jours, bien que ce soit peu, il existe de nombreux cultivars
ou "sous-espèces" végétales adaptées aux régions nordiques. Je donne ici comme exemple le maïs de Gaspé (Gaspe Flint ) qui produit de petits épis de maïs de 4 pouces en 60 jours bon pour faire des potages, des soupes et sûrement aussi pour en faire de la farine de maïs. De plus, la qualité des fruits et légumes est supérieur au nord car la lumière a plus de bleu, ainsi, l'huile de canola du nord de l'Alberta est supérieure à celle du sud de l'Alberta. Il en est de même pour les fruits et légumes entre le nord et le sud de la Norvège.

Le plus grand problème des sols argileux est le drainage. Ces sols ont
 tendance à retenir l'eau très longtemps ce qui est bon lors de sécheresse mais peut les rendre plus difficile à travailler. Je ne suis pas expert en agriculture mais selon moi, la permaculture offre de nombreuses possibilités. Par exemple, la création de plates-bandes avec ajout de sable et de matière améliorera sans aucun doute le drainage.

Un autre avantage de l'agriculture en Abitibi est la froideur de l'hiver et la courte saison de production qui limite considérablement la prolifération d'insectes nuisibles pour les cultures. Le mythe des mouches grosses comme des chevreuils en Abitibi est un mensonge, confirmé par plusieurs amis qui habitent en campagne au Sud et qui sont allés faire leur tour au Nord.

De plus, le prix des terres agricoles est beaucoup moins élevés en Abitibi que dans la Vallée du St-Laurent. En 2010, le prix moyen d'un hectare ( 100m X 100m ) partait de 350$ jusqu'à 800$ en Abitibi-Témiscamingue. Pour le même hectare au Sud, les prix sont 10 fois, voire 20 fois plus chers. Par exemple, au Centre-du-Québec, le même hectare se vendait en 2010 de 3500$ à 8000$, à Lanaudière, de 6350$ à 11 000$( www.fadq.qc.ca/fileadmin/fr/.../vale_terre_2011.pdf). Ce qui est absolument hallucinant, c'est que juste en Abitibi, il y a 2,4 millions d'hectares de terres fertiles inexploitées dont 500 000 près de terres déjà en culture . Si on fait un calcul rapide, disons 100 acres par famille ( 43 hectares environ ), il serait possible d'accueillir 55 800 familles. Si on divise par 4 la superficie allouée, l'on pourrait donner environ 10 hectares à 223 200 familles. Si chaque famille a 4 membres, nous atteignons presque le million de personnes !

Nous ne parlons ici que de l'Abitibi-Témiscamingue, car la ceinture argileuse continue à l'ouest jusqu'à Hearst au moins en Ontario où on y trouve encore des fermes.Sur l'image ci-bas, on voit clairement que la partie québécoise à droite ( encadré mauve ) a été colonisée et du côté de l'Ontario, il n'y a pas eu cette colonisation: toutes ces terres fertiles sont encore vierges. Le potentiel est donc énorme.

                                              (Nord-Est de l'Ontario VS Abitibi )

Suite Partie 2: Pourquoi l'Abitibi est une redoute ?




samedi 23 mars 2013

La poule Chantecler

Pour l'élevage d'animaux au Québec et dans des régions plus nordiques, il est essentiel de bien choisir les races qui ont été créées pour supporter de longues périodes de froid.

Une de ces races est la poule Chantecler.

File:Chantecler hen 1926.jpg

Elle a été créée par les moines trappistes de l'abbaye Notre-Dame-du-Lac située à Oka au début du XXe siècle

En 1907, le frère Wilfred Chantelain se mit en tête de créér une race mieux adaptée à notre climat. Les seules races présentes étaient d'origine européenne ou américaine, aucune race de volaille n'avait été élaboré au Canada . Il combina donc plusieurs races et créa la poule Chantecler blanche. En Occident, la couleur blanche est considérée comme donnant des carcasses de volailles plus propres.
Les crêtes  et les barbillons de cette poule sont plus petites ce qui minimise les risques d'engelures. Elle est aussi une bonne productrice d'oeufs même durant les longs mois d'hiver où il y a moins d'ensoleillement. Malgré que ces poules soient des pondeuses respectables, elles sont aussi bonnes à manger dans leurs vieux jours !

La variété Chantecler perdrix a été créee en Alberta dans les années 1930 en l'hybridant avec des races mieux adaptées pour l'élevage en liberté.